Trassanel
ultor -  25/07/2008
Note globale:
Bonjour à vous qui lirez ces quelques lignes..
En fait, j'ai grandi dans ce village jusqu'à mon "départ" pour le collège de Carcassonne, puis Aix, puis Londres,puis Toulouse...j'ai même été le dernier élève et seul élève lors de la dernière année qui à précédé la fermeture de l'école; un "paysan" avec une préceptrice en somme..Julien Sorel enseigne en montagne audoise..C'est un village dur ou le soleil tape et cogne avec une lourdeur incroyable(sur les façades les thermomètres affichaient parfois au soleil plus de 53 degrés !Les gens y sont comme leurs vignes: secs, noueux, durs au mal et un peu hors du temps.Ils vivent dans des maisons dont les murs, éternels semble-t-il font, en moyenne, 60cms d'épaisseur, et je me rappelle un plombier perçant à la barre à mine un conduit pour le poêle..il doit encore avoir des courbatures ! Savez vous, qu'anecdotiquement, ce village a comme un seul homme voté socialiste aux dernières élections ? un record non !? Je n'y étais pas retourné depuis 29 ans et mis à part que les rues du village ont désormais des noms (rue des glycines..) et que des visages de mon enfance appartiennent au royaume des morts, les choses n'ont guère changé et je retrouve des tas de bois qui étaient là, déjà en 1977 !!. ..mais "ils ne vont pas tarder à s'en occuper..":la relativité du temps est un concept qui est NE à Trassanel.
Ce que j'aime à Trassanel: Les gens vivent vieux(ma "tatie" née en 1913 cavale toujours ,à petits pas mais ca trottine..ca trottine..) et les vieux ont vécu heureux,durement mais sainement, et, au final, ils terminent apaisés par l'atmosphère du lieu. Il y a un arbre, un cyprès, dans lequel,gamin, j'allais me réfugier car ses branches formaient à belle hauteur un triptyque confortable, sécurisant, et doucement bercé par le vent, procurant une sensation quasi maternelle, et, lorsque je suis entré dans le village c'est la première chose que j'ai regardée, avec l'impression énorme de rentrer "chez moi" au sens de R.FROST ("chez moi" c'est le lieu ou quand je sonne, on DOIT me laisser entrer..)la plénitude absolue, le re-birth. Si vous allez là-bas vous verrez entre le noyer, massif et sans âge, et le tilleul gardien de la place du village, un banc en pierre ; alors,seulement, levez les yeux et vous apercevrez, dans l'arbre de droite, ce sein boisé dont je vous parle...et vous aurez une idée de ce que sérénité signifie dans les contreforts de la montagne noire, que l'on ai 8 ans, ou que, la vie imposant son cours, vous ayez presque un demi siècle. Je croyais n'avoir pas de racines..il m'a suffit d'une légère brise pour effacer des décennies d'incertitudes et enfin décharger le fardeau de ma non-appartenance. Cela eut-il été possible ailleurs..?
Ce que je n'aime pas à Trassanel: L'isolement est terrible et vous forge un caractère particulier, de vrai solitaire; J'aime et redoute à la fois la bruyante et envahissante compagnie des hommes et, ayant grandi seul, avec pour belle compagne la nature, j'éprouve aujourd'hui encore un certain dédain pour qui envahit et pollue,au plan sonore, visuel etc..en n'ayant que peu ou pas de respect pour son environnement. Ma bulle, mon nécessaire espace vital qui m'a accompagné dans ma jeunesse est aujourd'hui un ultra luxe et si j'en veux un peu à TRASSANEL c'est de m'avoir donné des habitudes, lesquelles n'ayant plus cours, vous laissent un parfum de regret pour vous obliger à rentrer..
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